Mardi 20 Septembre, arrivée 8h37. Le CUBE nous attend bien parqué près au départ dans le garage qui l’accueille depuis maintenant 3 ans. Avec les années, il ne change pas. Pas une ride ni un poc. Comme éternel.
Alors que Fabien prend en main l’engin, je conduis sa voiture. Je fraye un chemin à ce bon vieux CUBE qui en a vu du paysage du haut de ses 50 ans et apprécie toujours ses trajets avec douceur et amortie.

Depuis Valence, au fil de la route, nous apercevons au loin les reliefs de la forêt de Saoû. Une silhouette noir un peu brumeuse est dessinée. Comme une corne d’abondance plantée. Reconnaissable. Elle nous quitte peu avant Crest.
Puis, après avoir serpenté au milieu des champs et des herbes brillantes sous le ciel blanc matinal, la montagne, qui paraissait loin d’un coup, surgit !
Le Grand Paysage nous saute littéralement à la gueule à ce rond point d’entrée de Saoû comme la colombe échappée du chapeau. Château d’Eurre, Roche Colombe et Roche Rousse, Pas de Lausens, de Lestang, du Pertuis, Palloir, la Tour, les Trois Becs, le synclinal est là et ouvre sa boîte à trésors depuis le village.

Place de l’église, à côté de la cabine téléphonique transformée en boîte à livres et de ses deux bancs publics, nous posons nos bagages. En quelques heures, plusieurs grands carnets bigarrés sont façonnés pour les enquêteurs en herbe qui viendront nous rejoindre le mercredi. Aller à la rencontre des habitant•es. avec nous. Partager des points de vue, des regards parce que nous les invitons à…

Une valise-enquête, pleine de rubans à démêler : fouiller, caresser ces soyeux fils pour en tirer une question :

Quand je pense à Saoû, je vois… ?
Quand je pense à Saoû, je sens … ?
À Saoû….
Qu’est ce que je sèmes ?
Qu’est-ce que j’enterre ?
Qu’est-ce que j’enracine ?
Qu’est-ce que je récolte ?

De ces mots et réponses glanés dans les rues, sur les places, sur le marché, depuis le CUBE, de jour ou de nuit, par les un•es les autres, a jailli le jeudi en fin de journée un Kasàlà, poème joyeux, ode au village et villageois•es., sculpté et déclamé par Stéfanie James, conteuse d’ici, avec nos voix en soutien. Il célèbre de nombreux habitant•es.

Autour de ces questions, certain•es se rencontrent autrement. Des discussions parfois graves, parfois sensibles et intimes.
Qu’est-ce qui nous lie ? Nous relie ou nous délie ici à Saoû ?

Un souffle de vent sur Saôu ravive, toujours par surprise, il rappelle peut-être qu’il faut rester éveillé et ne pas s’endormir sur le beau paysage !

Les rubans et les mots s’envolent depuis la valise du colporteur. La parole se diffuse au milieu d’un rassemblement et se pose sur la place des Cagnards.